PLAINES CENTRALES

PLAINES CENTRALES
PLAINES CENTRALES

PLAINES CENTRALES, États-Unis

Milieu géographique le plus vaste de l’ensemble du continent nord-américain, les Plaines centrales s’étirent sans interruption fondamentale du littoral du golfe du Mexique aux domaines arctiques frangeant le territoire canadien. L’altitude moyenne est de l’ordre de 280 mètres. Les paysages sont généralement monotones. On a même pu localement évoquer un «immense lac gelé». Cette platitude se conjugue avec une orientation qui se traduit par des possibilités de pénétration et de circulation singulièrement aisées (presque trop, parfois: à l’époque héroïque des pionniers se dirigeant vers l’Ouest, les voyageurs devaient jalonner leurs pistes de grosses pierres pour ne pas s’égarer au sein d’un univers aussi monotone). En outre, renforçant la vigueur de leur homogénéité, la tonalité continentale du contexte climatique est particulièrement bien marquée: les amplitudes thermiques annuelles sont éloquentes: — 1 0C et + 21 0C pour Denver. L’aridité est la règle, avec une péjoration sensible des conditions pluviométriques d’est en ouest, l’ossature montagneuse des cordillères occidentales faisant écran aux influences océaniques. Dans les Hautes Plaines, adossées aux montagnes Rocheuses, souffle un vent desséchant, le chinook , naguère redouté des ranchers. L’évaporation et l’insolation estivales sont redoutables et les précipitations, à l’ouest du 100e méridien, dépassent rarement 500 millimètres (350 mm seulement à Denver). À l’état naturel, la majeure partie des Plaines centrales était dotée en fait d’un tapis herbeux régulier, la Prairie, relayé vers les Hautes Terres par des formations plus médiocres de brush et de plantes franchement steppiques. En changeant d’échelle, pourtant, compte tenu de données structurales et paléoclimatiques originales, on peut schématiquement distinguer deux grands domaines morphologiques: immédiatement à l’ouest de la monumentale cuvette mississippienne, le substratum précambrien et son auréole de terrains sédimentaires paléozoïques ont créé un paysage de grands espaces plats ou faiblement bosselés, localement interrompus par de grandes vallées fluviales. Au pied des Rocheuses, en revanche, s’échelonnent de belles formations de plateaux, entre 1 000 et 1 500 mètres d’altitude, aux cours d’eau très violemment encaissés. Ces Hautes Plaines, qui correspondent à l’apparition des terrains du Crétacé et du Tertiaire, ont été relevées à la fin du Néogène. La reprise de l’érosion fluviale a découpé ces vastes glacis en lambeaux, voire en pittoresques lanières, étirées de l’ouest vers l’est dans les terrains argileux tendres, et dégagé de véritables petites cuestas dans les grès durs: «Dans les argiles sableuses, le flot brutal des averses taille des ravins ramifiés à l’infini, parmi un dédale de crêtes aiguës, de piliers et de clochetons aux formes fantastiques» (H. Baulig).

Au-delà de cette dualité, les espaces découverts du centre des États-Unis ont été colonisés par les Européens à une époque très récente. L’implantation véritable de foyers humains permanents ne s’est réellement effectuée qu’avec la construction de chemins de fer et dans le cadre du Homestead Bill de 1862: cet acte attribuait gratuitement «un lot de terre de 64 hectares à tout chef de famille mobilisé durant la guerre civile, et qui s’engageait à le cultiver pendant cinq ans en habitant sur son carré». Ces parcelles systématiquement géométriques (aux dimensions croissantes, en fait, vers l’Ouest, avec la sécheresse: 64 hectares en Middle West, 128 hectares dans les Grandes Plaines et 256 hectares dans les Hautes Plaines), délimitées par des routes se coupant à angle droit, seront plus ou moins regroupées par la suite, au hasard des spéculations ou des ruines. Mais la trame générale subsiste, avec des paysages de champs carrés, massifs, dépourvus d’arbres, des fermes isolées adossées à la route et de gros bourgs installés le plus souvent au carrefour de cette dernière et de la voie ferrée. L’omniprésence des activités rurales constitue d’ailleurs aujourd’hui encore le plus fort élément d’homogénéisation des Plaines centrales, qu’elles soient orientées vers le secteur bovin (Hautes Plaines) ou vers l’agriculture naturellement adaptée aux conditions climatiques locales (les zones climatiques, toujours continentales, sont disposées en larges bandes longitudinales): maïs et élevage des porcs aux sein de la Corn Belt; blé de printemps des contrées les plus septentrionales; blé d’hiver du Nebraska et du Kansas; ceinture cotonnière du Sud. Conséquence directe, l’emprise du fait urbain, très ponctuel, reste faible: les éléments les plus importants comme Saint Louis, Minneapolis, Saint Paul ou Kansas City conjuguent des situations de carrefour routier et ferroviaire avec une position fluviale exceptionnelle. Quant aux activités industrielles, à l’échelle de l’ensemble des Plaines centrales, elles demeurent fondamentalement centrées sur la transformation des productions agricoles locales (abattoirs géants d’Omaha ou de Wichita, travail du cuir, minoteries et brasseries de Minneapolis et de Saint Paul...) et sur la mise en valeur des gisements d’hydrocarbures qui ont fait la richesse d’agglomérations comme Tulsa, Oklahoma City ou Fort Worth, en dépit de quelques tentatives locales de diversification (Saint Louis du Missouri).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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